Trois mots…
” _ Le coupable… C’est vous !! ” S’écria le détective en pointant du doigt l’interpellé.
Ce dernier dévisagea le détective, qui était souriant et confiant, de grosses gouttes de sueurs dégoulinant sur son visage, étouffant un juron. S’ensuivit un exposé détaillé, prouvant la culpabilité du vieil homme. Un jeune homme au teint hâlé observait son vieil ami dans un coin de la pièce en souriant. Ils étaient à Tokyô, c’était normal que le détective de l’Ouest laisse le beau rôle à Shinichi Kudo. D’autant plus qu’ils avaient souvent résolus des affaires ensemble, cinq ans après la disparition de Conan Edogawa. En effet, ils avaient réussi tant bien que mal à démantelé l’organisation des hommes en noirs, et le détective rétrécit avait rapidement retrouvé sa taille habituelle, grâce à la scientifique qui ne mit qu’une petite semaine pour préparer l’antidote. Une fois sa taille retrouvée, Shinichi avait aussitôt avoué sa flamme à Ran Mouri et la vérité sur le petit garçon qu’elle avait hébergé. Bien qu’elle fût très surprise par la vérité, elle ne blâma pas le garçon, consciente qu’il lui avait caché la vérité uniquement pour la protéger.
” _ En cinq ans, pensa Heiji, beaucoup de choses ont changé dans la vie de Kudô.”
En
effet, Shinichi avait ouvert une agence de détective dans Tokyô, alors
qu’il avait fini ses études, et s’était marié avec Ran, malgré la forte
réticence du détective Mouri. Le fils du préfet d’Osaka, lui, avait
rejoint la préfecture d’Osaka, et avançait doucement, mais surement
dans sa relation avec son amie d’enfance.
Alors que la victime allait passer aux aveux, une sonnerie retentit.
Shinichi reconnu immédiatement la sonnerie de son téléphone portable et
fronça les sourcils. Il décrocha malgré tout, et écouta attentivement
les paroles de son interlocuteur, sans lâcher le coupable des yeux. Au
fur et à mesure que la personne à l’autre bout du fil parlait, le
visage du détective Tokyoïte pâlissait à vue d’œil. Il raccrocha,
complètement retourné. Son ami posa sa main sur son épaule.
” _ Vas-y Kudo, l’encouragea Heiji, je finis ici et je te rejoins plus tard. ”
Shinichi sourit de reconnaissance à son rival, et courut hors de la demeure où avait eu lieu quelques heures plus tôt un meurtre. Il attrapa un taxi à la volée et demanda à être conduit à l’hôpital Beika. Pendant tout le trajet, les pensées de Shinichi Kudo étaient floues, et seuls trois petits mots résonnaient dans son esprit, comme une mélodie qui ne voulait pas le quitter. Des gouttes de sueurs et d’angoisses coulaient sur sa tempe, alors qu’il demandait au chauffeur toutes les deux minutes “on est bientôt arrivé ?” et “vous ne pouvez pas accélérer?”. On aurait dit un petit garçon qui en avait marre d’attendre au bout de quinze minutes de trajet. Mais le détective devait attendre dix minutes, et ses dix minutes s’écoulèrent doucement, le laissant à la proie de ses trois mots qui se baladaient dans sa tête.
Enfin
il arriva devant l’hôpital. Il régla rapidement la note au chauffeur,
sans se rendre compte de la forte somme qu’il venait de lui laisser par
inadvertance, et se rua à l’intérieur de l’hôpital. Aussitôt à
l’accueil, il expliqua la situation à la jeune femme assise derrière
ses ordinateurs, et demanda la chambre de “Mme Ran Kudo”. Elle lui
indiqua la chambre, au deuxième étage. Shinichi monta donc rejoindre sa
femme au pas de course. Devant sa chambre, il trouva assise contre le
mur Sonoko et Kazuha. Sonoko expliqua rapidement au mari de la patiente
que Ran était actuellement en salle d’opération, et que personne ne
pouvait les rejoindre. Les yeux de Shinichi s’écarquillèrent de
stupeur, et se résolu à s’asseoir contre le mur, la tête dans les
mains, à attendre.
Les trois mots dansaient de plus belle dans sa tête.
Le détective d’Osaka les rejoignit une heure après. Kazuha lui résuma
rapidement la situation, et ils se rassirent, ne pouvant qu’attendre,
impuissant. Heiji tenta tant bien que mal de rassurer son ami, mais
Shinichi ne l’écoutait pas, étant dans un état second, comme dans une
bulle. Shinichi Kudo perdait son sang froid.
Quelques
dures heures plus tard, le médecin, un tablier couvert de sang, alla à
la rencontre des quatres personnes assises dans le couloir, demandant
qui était l’époux de la patiente. Shinichi se leva, et serra la main du
docteur. Ce dernier lui exposa la situation, un sourire aux lèvres. Les
trois mots criaient dans sa tête. On l’invita à rentrer dans la chambre
de sa femme, encore tout retourné. Sonoko se leva, folle de joie et
courut aller chercher des boissons rafraîchissantes, laissant Ran et
Shinichi seul. Kazuha et Heiji restèrent dans le couloir, alors que
Shinichi venait de rentrer dans la chambre. Heiji se colla contre le
mur, soupira de soulagement, et observa le dos de son amie d’enfance,
encore immobile devant la porte de la chambre de son amie. Elle
commença à sangloter, laissant le garçon derrière elle sidéré. Il lâcha
son mur et s’approcha de Kazuha. Les larmes de soulagement avaient
inondés ses joues. Elle murmurait sans cesse “C’est merveilleux…”, “Je
suis soulagée”. Ne sachant comment réagir, le garçon au teint bronzé
sourit, jusqu’au moment ou deux yeux verts se retournèrent vers lui et
demandèrent:
“_ Tu crois que ça m’arrivera un jour ?”
Ses joues étaient rouges, elle était morte de honte. Heiji écarquilla
les yeux, sentant la rougeur et la gêne le gagner petit à petit.
“_ Bah, il n’y a pas de raison que le contraire se passe…”
murmura-t-il, enfonçant sa casquette sur la tête de Kazuha. Celle-ci
devint plus rouge, puis tout en souriant tendrement, serra la main de
son ami dans la sienne, continuant de fixer la porte blanche devant eux.
Lorsqu’il ouvrit la porte, Shinichi vit le spectacle le plus beau qu’il n’ait encore jamais vu. La femme de ses rêves se tenait allongée dans son lit d’hôpital, exténuée, un berceau à la droite de son lit. Le détective s’approcha du lit, s’y asseya et caressa le visage de sa femme, qui sourit au contact de cette main sur sa peau. Elle détourna ensuite son regard du visage de Shinichi pour se poser vers le petit être qui dormait dans ses bras. Le détective était sans voix, cherchant les mots justes pour exprimer sa joie devant l’enfant, si frêle, si fragile. L’accouchement avait était difficile, si difficile que les médecins avaient dû avoir recours à une césarienne. Mais l’enfant était tout de même là, respirant doucement contre la poitrine de sa mère. Shinichi passa sa main dans les cheveux du nouveau-né, son fils, son enfant, ému. L’enfant lui attrapa doucement le doigt, plongeant ses yeux verts dans ceux de son père. Shinichi écarquilla les yeux de surprise, mais son regard se voila immédiatement d’un masque de douceur et d’amour, embrassant la mère de son fils tendrement sur le front.
Heiji,
Kazuha, Sonoko et les proches des nouveaux parents observaient la scène
dans l’entrebâillement de la porte, attendris. Ran avait les larmes au
bord des yeux, devant la tendresse que dégageait le regard de Shinichi
au contact de son fils. De leur fils.
Les trois mots explosèrent dans la tête du détective.
“_ Je suis papa… ”