Warning: main() [function.main]: open_basedir restriction in effect. File(/mnt/102/sdb/c/f/sweet.fanfiction/include/start.php) is not within the allowed path(s): (/mnt/110/sda/c/f/sweet.fanfiction) in /mnt/110/sda/c/f/sweet.fanfiction/layout.php on line 6

Warning: main(/mnt/102/sdb/c/f/sweet.fanfiction/include/start.php) [function.main]: failed to open stream: Operation not permitted in /mnt/110/sda/c/f/sweet.fanfiction/layout.php on line 6

Warning: main() [function.include]: Failed opening '/mnt/102/sdb/c/f/sweet.fanfiction/include/start.php' for inclusion (include_path='/mnt/110/sda/c/f/sweet.fanfiction/include:.:/usr/php4/lib/php') in /mnt/110/sda/c/f/sweet.fanfiction/layout.php on line 6
Sweet Fanfiction ; Version 3 .
  • WANDERING xL
  • Heavenly Star
  • Heavenly Dream
  • Login:

    Mot de Passe:

    # Connexion }
    # S'inscrire }


    Pour toi je vais enfin mourir


    Yume [x]
    Pour toi je vais enfin mourir - 3 chapitres - En cours
    Description: Des êtres. Qui s'attirent. Qui vont s'aimer.A en perdre toute notion de bien et de mal... *** Henrietta Pills, 17 ans, emmenage dans le petit village de Cerf-le-Vigneron. Désireuse de se faire des amis, elle y rencontre le fascinant Alexandre qui, tout comme elle, semble cacher de douloureux secrets.
    Catégorie: Inventé - Autre
    Genres: Autre - Psychologique
    Persos principaux: Inventé - Inventé

    # Retour à l'index de la fanfiction }

    # Chapitre 2

    Chapitre 2 : Lili, c'est ton tour


    Sans aucun doute, Edward aux mains d'argent était mon film favori : pour me donner du courage, je l'avais regardé hier soir, aux côtés de mon petit frère, et si lui n'avait pas apprécié- il n'était pas un grand adorateur de Tim Burton, et préférait « Superman, le film » qu'il trouvait plus impressionnant grâce aux effets spéciaux- j'avais presque pleuré à la fin, alors que cela faisait la quatrième fois que je le voyais.

    Mais la vision de ce chef-d'œuvre du cinéma- peut-être que j'exagère, il est vrai- m'avait fait m'endormir à une heure tardive. Suivre encore le rythme des vacances n'était pas forcément une bonne idée si je voulais ressembler à autre chose qu'à un zombie. Mais j'étais lasse de cette première journée où je n'avais que jouer un rôle, comme souvent je le faisais pour ne pas montrer ce que j'étais vraiment ; c'est-à-dire méprisante, égoïste et tout ce qui allait dans ce sens là. Cependant mon second rôle me laissait la possibilité d'avoir plus de détachement face aux choses... de faire semblant d'être heureuse, certes, mais aussi de réparer les blessures des autres...
    Deux personnalités opposées dans le même corps, c'était trop pour moi : c'est sur cette pensée profonde que je m'endormis d'un sommeil de plomb.



    Cette nuit, je rêvais d'un gâteau et d'une cerise,
    pour la première fois depuis trop longtemps.




    Ce songe datait de mes onze ans, à peu près deux mois avant que mes parents ne se séparent pour toujours. C'avait été une année terrible, ponctuée de cris et de larmes, que ce soit de douleur ou de haine. J'avais commencé à suspecter le divorce, qui allait être imminent si mes parents ne se réconciliaient pas : j'avais donc tout fait pour essayer de sauver la situation, sans savoir qu'elle était à ce point désespéré. Au moment où j'avais appris la vérité, j'avais douze ans, c'était lors de mon anniversaire : un jour censé être joyeux, où toute ma famille était conviée. Mes paternels avaient même promis d'oublier leur rancœur l'un pour l'autre, pour une journée tout du moins.
    Ma grand-mère paternel avait commencé à découper le gâteau, à la chantilly et ornée d'une seule cerise, imbibée d'alcool- je n'y avais droit qu'une seule fois par an, et donc je l'attendais comme le Messie. Mais il y'avait eu ce coup de téléphone...

    Dès lors, j'avais été à moitié insomniaque, et les seuls rêves que j'avais fais étaient des cauchemars dans lesquels se retrouvaient systématiquement un gâteau et une cerise. Heureusement, ceux-ci, un peu monotones à la longue, s'étaient arrêtés il y'a trois ans, sans que je puisse en découvrir l'exacte explication. Leur retour était un mauvais présage- j'étais sans aucun doute perturbée.


    Je regardais mon réveil sans me douter de l'heure exacte : il était six heures du matin ! trop tôt pour un premier jour, où je ne commençais qu'à neuf heures... mais me rendormir serait bien entendu mission impossible, cela aurait été presque trop facile. La mort dans l'âme je me levais, déçue de ses délicieuses heures de sommeil gâchées...

    ... pour aller vers mon ordinateur. C'était la seule chose qui me venait à l'esprit quand on ne pouvait décemment pas sortir, appeler quelqu'un ou autre. De plus je n'avais aucun livre à lire, pas la moindre envie d'écouter de la musique... enfin, le pc serait parfait.

    J'ouvris l'appareil avec tracas : après des mois sans utilisation, coincé dans des cartons ou peu utilisé, reprendre du service lui posait évidemment bien des problèmes.
    Dehors, le jour pointait le bout de son nez, en attendant l'ouverture de mon ordinateur, je regardais l'extérieur avec joie : il allait faire beau aujourd'hui, et chaud sûrement, ce qui me changeait agréablement de la plus belle ville du monde, où chaque jour se ressemblait par sa température et son climat.
    J'entendis enfin l'ouverture de ma messagerie, et puis de Msn : j'avais un nombre incalculable de messages d'amis voulant savoir si le départ s'était bien passé. Je me saisis de mon clavier et commençais à répondre à tous, sous la douce musique de Yiruma-River Flows in You, ma préférée.

    C'était idiot-je me sentais bien. Assez bien pour écrire dans les couleurs de l'arc-en-ciel pour mes messages, ce qui n'était pas dans mes habitudes. Assez bien pour avoir envie de revoir Lisa, Alexandre et Valentin.
    Je vis ma mère sortir de sa chambre, l'air de quelqu'un qui a trop dormi : pendant un moment même elle ne remarqua pas ma présence, laps de temps durant lequel je m'enfuyais vers ma chambre. Malheureusement, son cerveau réagit correctement-je n'étais pas très discrète.
    « ERI ! »

    Nooon... j'avais mérité l'énervement du matin : une sévère brutalité verbale mêlée aux problèmes autres de ma mère. Un passage auquel je n'échapperais pas.

    « Eri, que faisais-tu à cette heure devant le pc ? »

    Je rougis, mais la regardais dans les yeux : je ne dirais rien, quoi qu'il arrive. Question de principe.

    « Pas grand-chose.

    -...c'est cela, oui, eh bien, la prochaine fois que je t'y surprends, ce sera simple : je donne cette machine à de bonnes œuvres, qui en auront plus l'utilité que toi.

    Je me tus pendant une bonne dizaine de seconde.

    « J'en ai besoin pour les cours. »

    C'était l'excuse ultime. C'était un mensonge éhonté, mais son utilisation pour autre chose que ma satisfaction personnelle pouvait marcher auprès de ma génitrice. Elle fronça un sourcil, puis sourit :

    « Bien essayé, Henrietta Pills. Mais je n'y crois pas vraiment. C'était un joli coup, mais essayes d'une autre manière, la prochaine fois, car là je pourrais te répondre que tu pouvais te servir de tes livres, ou de ton... de ta bibliothèque de lycée, le CDI il me semble. »

    Je grimaçais : depuis le premier jour de ma sixième, je n'y allais que pour chercher les livres de début d'année- jamais pour étudier. Et pourtant j'étais une grande amatrice de livres.

    Mais il y'avait une règle non-écrite qui prévenait que quiconque irait au CDI était aussitôt qualifié d'intello. Du coup, aucun de mes amis ne s'y aventuraient jamais, et y aller toute seule ne m'avait jamais tenté.

    « C'est ça, maman.

    -Bon, je passe pour cette fois, tu ne recommences plus, d'accord ? »

    J'acquiesçais en silence, et nous allâmes toutes les deux prendre notre petit-déjeuner. Mon frère nous rejoignit et comme d'habitude nous fit profiter de sa bonne humeur... bruyante :

    « Et Eriiiiiii, alors t'as vu comme c'est bien ici ? je me suis fait des copains, on n'est pas amis mais ils sont trop sympas !
    -Oui, ça va, mais pour l'instant...
    -Tes amis d'avant t'ont appelés ? demanda Benjamin, très concentré à lécher le chocolat de ses BN, sans casser le gâteau de petits bouts dorés.

    C'était comme cela qu'ils surnommaient nos amis d'enfance : nos amis d'avant. J'avais du mal à utiliser cette expression, pour ma part : car jamais je ne ferrais de différence entre mes amis de Paris et ceux d'ici. Jamais.

    Mes amis étaient mes amis, rien d'autre.

    « Non, mais ils m'ont envoyé des mails, répondis-je en baissant la tête.

    -Moi non plus y'a pas eu le téléphone pour moi ! dis maman, je pourrais avoir un portable ?

    -Tu es un peu jeune, Benjamin, et...

    -Eri en a un, elle ! me menaça t-il en pointant son doigt vers ma direction. Je levais les yeux au ciel :

    « Eh, on a combien d'années de différence ? dix ans ? alors, écrases.

    -Ooooooh. Ouais bah j'économiserais et je m'en achèterais un et vous pourrez rien dire!

    -Ouais, et bah bonne chance. Bon, j'y vais, fis-je en observant la pendule de notre cuisine. Sinon, je vais être en retard, pas que ça m'embête mais bon... -j'accusais un regard noir- je termine à 15h00. A tout à l'heure. A ce soir, 'man. »

    Je sortais mon vélo, pédalant à toute vitesse pour une fois, je n'étais pas pressée mais la vitesse, de temps en temps, me réveillais.

    Je savais que nous n'habitions pas loin l'un de l'autre, mais quel ne fut pas ma surprise lorsque j'aperçus Alexandre, sur un engin semblable au mien.

    « Euuuuh... Alex ! »

    J'eus soudain honte de l'avoir interpellé sans aucune raison particulière : en plus, l'appeler d'un surnom, ainsi, alors que j'ignorais encore tout de lui ! ridicule, songeais-je en me donnant des claques intérieurs. C'était presque comme si j'avais traité Lisa comme ma meilleure amie ou raconter ma vie personnelle à Valentin.
    Presque.

    Il se retourna sans difficulté : lorsqu'il comprit qui était son interlocutrice, il regarda de nouveau la route, pour ne pas tomber. Ou pour ne pas me voir plus.

    « Ah, salut. »

    Il ne semblait pas particulièrement ravi de me voir : pour lui je n'étais que la nouvelle, pas une connaissance et encore moins une amie... compréhensible. Mais comme pour moi il était le premier à qui j'avais parlé et qu'il m'intriguait, cela me déçut. J'étais idiote de m'être autoproclamée membre de leur groupe. Je n'étais encore rien pour lui. Pour cette raison, mon moral baissa d'un coup.

    « Tu vas bien ? demandai-je poliment.

    -Désolé, suis pas du matin, s'excusa t-il d'un air réellement peiné. »

    Cette nouvelle me réjouit : au moins n'étais-je pas la cause de sa mauvaise humeur apparente.

    « Nan, c'est moi... tu veux que je te laisse ?

    -Non, restes, si tu veux. Alors, tu as fait quoi hier soir ?

    -Pas grand-chose, j'ai vu un film, Edward aux mains d'argents, tu connais ? Avec Johnny Depp, précisai-je comme si cela avait une quelconque importance.

    -Oui, je l'ai vu, avec une ex, il y'a deux trois ans par là, je ne m'en souviens pas trop. T'as l'air fan de Depp, c'est drôle.

    -Fan ? non, je ne dirais pas ça, j'ai pas de poster de lui dans ma chambre. Ton ex, c'était qui »

    Je m'étonnais moi-même : rare étaient les personnes avec qui je parlais de copines passés avec un air si détaché. Mais j'étais très curieuse-trop.

    -Vaut mieux pas que tu le saches, tu te ferais de fausses idées sur moi. Moi, tu sais quoi ? avec Lisou et Val, on s'est baladés le long du ruisseau, c'est toujours sympa, alors on s'est demandé si tu voulais pas venir avec nous là-bas ce soir ?

    -Aucun problème... au contraire !-j'étais ravie de cette proposition- dis moi, je peux te poser une question ?

    -Oui, je suis célibataire !

    -Euh... contente pour toi ! en fait, je voulais savoir si y'avait des rumeurs sur moi au lycée.

    -Pourquoi ? dit-il, son sourire tombant d'un coup.

    -Bah, pour savoir, on sait jamais ! ma mère a vécu ici quand elle était petite, et je venais de temps en temps ici voir mes grands-parents, jusqu'à mes huit ans à peu près... ma voix se brisa.

    -Ils sont morts ?

    -Oui, de maladie et de vieillesse, mais je les adorais. Surtout que je n'ai pas vu mes autres grands-parents depuis... encore une fois, je me surpris à être triste. Je ne devais pas, ça faisait longtemps que je n'avais plus à souffrir de tout cela.

    -Depuis ?

    -Le divorce de mes parents, terminai-je. Maintenant, tu sais tout de moi !

    -Oh, ça je ne pense pas... murmura t-il pour lui-même. Nous étions arrivés, nous nous séparâmes juste le temps de poser nos vélos, et nous rendîmes en cours ensembles. Nous nous étions biens, au moins aurais-je un ami.
    -Ooh, les amoureux ! cria une voix au loin.

    Je m'apprêtais à crier que non, ce n'était pas vrai, mais je remarquais que la personne qui l'avait dit n'était autre que Lisa.

    « Alors, ça va ? Cool, tu t'entends bien avec Alex ! c'était pas gagné. Il a beau être populaire, c'est rare qu'il... dès le premier jour, c'est génial ! »

    Elle m'embrassa sur les deux joues, et fit de même avec mon ami. Elle était déjà excitée à 9h du matin : une vraie pile électrique !
    Derrière elle se trouvait son copain, beaucoup plus calme. Ils ne se ressemblaient pas du tout, je comprenais le sens du proverbe : « les contraires s'attirent » Ici, c'était vraisemblablement le cas.

    « Salut, Eri. » Je m'approchais pour recevoir les deux bises du matin, une habitude que je retrouvais finalement partout. Cependant, avec Alex, il se contenta d'un frappement de main... étrange.

    « Personne ne t'a demandé, mais tu ne veux pas visiter le lycée ?, me demanda froidement Valentin.

    Je n'avais pas l'habitude de cette glace lorsque l'on me parlait, du moins pas autant, surtout que je voyais que ce n'était pas par méchanceté mais ce n'était pas agréable. Je ne savais finalement que penser de Valentin.

    Il était superbe, c'était un fait avéré : décidément, il allait parfaitement avec Lisa, beaux de la même façon, sans tricherie, comme s'ils ne semblaient pas s'en rendre compte. Ils étaient tous les deux fortunés, cela se voyait, même si ce n'était pas de façon ostentatoire.

    Lisa possédait de longs cheveux blonds vénitiens, qui s'accordaient tellement bien avec sa peau pâle comme celle d'une morte. Elle ressemblait trait pour trait à ces femmes que l'on voit dans les contes, belle rousse au cœur de pierre, sorcière à leurs heures, qui faisaient tomber tous les hommes dans leur piège maléfique...
    Sauf que ce n'était que Valentin qu'elle avait envoûté, et elle-même avait fait la même bêtise. Ce qui étaient mieux pour les deux...

    Valentin était un magnifique garçon à la peau mâte, et aux cheveux d'un blond presque blancs. Il était tellement plus grand que moi, donc immense pour son âge, mais cela ne semblait pas déranger Lisa, petite elle aussi.
    Ils n'allaient pas avec moi cependant, je me sentais étrangère encore, c'était normal mais tout de même douloureux. Heureusement qu'Alexandre était là, il me faisait rire et me rassurais. Pour ce rôle, il était parfait... mon premier ami garçon.

    J'avais eu, certes, des amis précédemment, mais ils étaient plus souvent les camarades de mes propres copines que les miens.

    ***

    demeurait, de loin, moins classe que les autres, un peu plus proche de moi en quelque sorte. Jamais je n'avais ressenti une telle promiscuité avec un garçon précédemment, car si j'avais eu quelques amis auparavant, ils étaient plus ceux de mes copines que les miens à proprement parler.
    « -Si je veux visiter le lycée ? oh, c'est...
    -Val', tu vois bien que tu as été hautain, là ! c'est pas vrai ! excuses le, il n'est pas toujours comme cela, mais ça lui prend parfois.
    -Lisa, tu sais bien que c'est mon caractère, que je n'y peux rien. » Tout en parlant, il avait sorti, de je ne sais où, une paire de lunettes magnifique, et, me regardant d'un air absolument méprisant, il fit « nous ne sommes vraiment pas du même monde social, mademoiselle. » Nous rîmes, sous les regards abasourdis de nos camarades de classe, mais voyant que nous racontions sûrement quelque chose de drôle, une fille s'avança vers nous :

    « Qu'est-ce que vous racontiez de beau ?
    -Hum, Valentin jouait le mec hautain, et il le fait bien je dois admettre ! Au fait, je trouve tes lunettes superbes, tu les as acheté où ? »

    C'était moi qui avais prononcé ces mots, et honnêtement, je ne m'attendais pas à ce qu'il me pose la paire sur mon nez- ni qu'il me proposa, gentiment, en ces termes :

    « Tu les veux ? je les ai eu gratuitement. Ma mère travaille dans l'univers de la mode, quand elle n'aide pas mon père. »

    Aujourd'hui, j'ai gardé ces lunettes comme un bien précieux. Il fut mon premier cadeau à Cerf-le Vigneron et me prouve bien que je n'ai pas sombré dans la folie.


    La journée se déroula si rapidement que je n'eus pas le temps d'en voir la fin. Les trois me réitérèrent leur proposition, que j'acceptais, et nous y allâmes à pied, portant nos vélos à bouts de bras car Lisa n'en possédait pas. Nous les posâmes en début de chemin, en prenant soin de les attacher même s'il y passait si peu de monde qu'il n'y avait aucun risque de vol.
    La forêt était magnifique, il me faut l'admettre : même si aimer ce lieu me serait difficile pour de nombreuses raisons, il ne fallait pas que je fasse preuve de mauvaise foi. J'aimais les couleurs d'un or typique en cette saison ; j'adorais le petit clapotis des rivières et les rires de mes amis. C'était presque trop beau, mais ne le méritais-je donc point après tant de désagréments ? je ne rêvais que de l'arc-en-ciel après la pluie, il est vrai. Cependant mon songe semblait devenir réalité.

    « -Henrietta Alice Pills, tu t'endors ?! »

    Soudain, mon fantasme s'évanouit : qui avait prononcé cela ? QUI ?

    Je regardais le coupable avec surprise : Alexandre ! il m'avait pourtant promis qu'il n'y avait pas de rumeurs sur moi... pourquoi m'avait-il menti ? Pourquoi ?
    Je ne répondis pas, et il sentit sûrement ma colère que je tentais de refouler. Nombreuses seraient les questions que j'aurais à lui poser, plus tard. Pas en présence de Lisa et Valentin, bien sûr. Je ne voulais pas qu'on sache mes secrets : et puis, Alexandre avait prononcé mon nom avec tant de nonchalance qu'il ne devait pas savoir grand-chose... je pardonnais. Pour le moment, du moins.

    « -Mais non ! je réfléchissais, c'est tout.
    -Toi, réfléchir ? »

    Je le tapais sur la tête, gentiment mais fermement. Il fit semblant de souffrir abominablement :

    « -Eh, Eri, ça fait maaaaal !
    -Je recommencerais, si tu t'acharnes à me traiter de poisson rouge ! plaisantais-je.
    -Beuh... oui, maîtresse !
    -On arrête avec les sous-entendus, Alex.
    -Lisa, tu vois le mal partout ! je ne sous entendais : rien. Du. Tout.
    -Comme si j'allais te croire ! au fait, nous sommes arrivés à la clairière. On se pose cinq minutes ? »

    Ce n'était pas vraiment une clairière, plutôt un petit lac, enfin une mare dont l'eau restait cristalline, au contraire de toutes les rivières que j'avais croisé sur mon chemin. J'étais comme fascinée par cette perfection, absolument inhabituelle. Je ne regrettais pas d'avoir suivi mes amis : même s'ils étaient familiers avec les lieux, ils continuaient à fréquenter les plus beaux endroits, ce qui était un signe de très bon goût. J'avais eu de la chance de tomber sur eux dès le premier jour.

    Alexandre sortit soudain un briquet de la poche de son jean : je me demandais ce qu'il allait en faire, lorsque Lisa, un peu moins fortement Valentin, cria :

    « -NON ! »

    Alexandre fit un regard de chien battu. De chat affamé. Qui se transforma en grimace quelques secondes plus tard : le couple refusait de céder.

    « -Tu avais promis d'arrêter de fumer. Allez, ça fait trois mois maintenant...
    -Jettes moi ce briquet.
    -Je... peux pas. Il appartenait à vous savez qui... je ne peux pas. »

    Ces paroles jetèrent un froid sur la conversation : nous ne prononçames plus un mot. Je tentais de ranimer les braises de notre enthousiasme de tout à l'heure, mais je n'y réussis point. J'en supposais que la balade allait être écourtée, mais ce qui me dérangeait le plus, c'est que je ne comprenais pas l'attachement d'Alexandre à un simple briquet Bic, à l'effigie d'Audrey Hepburn. Mais bon, j'avais appris qu'il avait arrêté de fumer, au grand bonheur de mes compagnons apparemment. Je savais quelque chose au niveau de ses goûts, ce qui était un plus si je voulais m'en faire un ami...

    Nous rentrâmes sous une fine bruine : en chemin, je ne posais aucune question à Alexandre, mais nous échangeâmes tout de même des banalités : cette maudite pluie, Lisa et son franc-parler, et je me renseignais sur les boutiques qu'il fréquentait. Il se trouvait qu'il allait souvent au centre commercial des parents de Valentin, où il avait certaines réductions. Il me promit d'influencer son ami pour qu'il m'offre des bons d'achats, mais tant que je ne le connaîtrais pas mieux, il ne pourrait rien faire. Nous nous séparâmes vite, il habitait assez loin de chez moi.
    Personne ne s'était inquiété de mon absence, et je remerciais intérieurement mon frère de ne pas avoir prévenu ma mère, ce qu'il aurait pu très bien faire. Il avait ramené un garçon de son âge, et tous deux me demandèrent de la même voix suppliante :

    « -Aides moi à faire ma rédactiOoooon... »
    Je m'exécutais de bonne grâce, et m'écroulais quelques heures plus tard dans mon lit, fatiguée par la journée : je ne mangeais pas ce soir là et n'eus pas le temps de voir ma mère.

    Je me réveillais à deux heures du matin, affamée et furieuse : je devais faire mes devoirs, heureusement qu'ils n'étaient pas nombreux.
    J'ouvrais mon agenda, où était inscrit ce petit poème :

    Le temps avait miné ses antiques cloisons :
    Là souvent de leurs maux ils déploraient la cause ;
    Les paroles passaient, mais c'était peu de choses.

    Le temps ne fait pas oublier,
    Les maux qui nous traversent
    Et même les paroles n'y feront rien.



    Je sais tout de toi

    Je sus alors que ma méfiance ne s'était pas assez affûtée ces derniers jours, et que je devrais désormais savoir que quelqu'un connaissait mon passé.




    Cette nuit là, je dormis mal.

    ***

    Posté le 26/12/2008 - 13h59